Le mouvement “Bloquons tout” ne cesse de prendre de l’ampleur sur les réseaux sociaux. Cet appel à mettre la France à l’arrêt le 10 septembre prochain est né au début de l’été sans que l’on sache précisément qui en est à l’origine. Une action d’abord perçue comme un peu fourre-tout, naviguant entre les extrêmes de la droite et de la gauche.
Depuis ce week-end, des responsables de La France insoumise se sont ralliés à cet appel du 10 septembre, arguant qu’il n’émanait pas de l’extrême droite. Et plusieurs syndicats ont également relayé cet appel à la mobilisation à la rentrée. Les contours du mouvement restent pourtant toujours très flous.
Souverainisme et opposition à l’UE
Parmi ceux qui disent être à l’origine de l’appel du 10 septembre, il y a Julien Marissiaux, qui affirme l’avoir lancé avec deux autres personnes. Ce chef d’entreprise de communication est farouchement anti-Union européenne et ne revendique aucune appartenance partisane. “Nous, ce qu’on souhaite, c’est que les partis politiques et les organisations syndicales soient dissous“, déclare-t-il.
Clara Lardé, qui a connu le mouvement via les réseaux sociaux et anime désormais un groupe Facebook dédié à la mobilisation, affirme également que “Bloquons tout” est apolitique. Pourtant, elle se dit aussi “souverainiste“, “pour la sortie de l’Union européenne, de l’OTAN et de l’euro”. Elle a relayé l’appel à ses “5 000 contacts” sur les réseaux sociaux, “la plupart sont du Rassemblement national, de Dupont-Aignan et des Patriotes”.
Florian, ex-Gilet jaune, a lui aussi réactivé ses réseaux : “C’est à partir du moment où on a vu que l’extrême droite commençait à s’éloigner un petit peu du 10 septembre, qu’on a commencé à communiquer dessus”, assure-t-il.
“Une logique de défiance politique”
Frédéric Gonthier, sociologue à Science Po Grenoble, voit en fait dans “Bloquons tout” une convergence de plusieurs familles politiques. “La thématique du peuple souverain comme producteur et comme consommateur de la richesse du pays est sans doute l’un des éléments les plus inédits dans l’appel à la mobilisation du 10 septembre. Et cela fait la synthèse entre des répertoires d’actions proches de la gauche et plus proches de la droite, avec une logique de défiance politique”, explique-t-il.
Le mouvement est aussi inédit par les modes d’actions prônés, souligne le chercheur, comme la suspension des opérations bancaires.
