Quand Gilles Deleuze donne des cours de philosophie à l’Université Paris-Vincennes, dans les années 1970-1980 des étudiants ont, à partir de 1979, l’habitude de poser un magnétophone pour profiter au mieux des cours.
Ces enregistrements servent aux absents qui souhaitent rattraper les séances manquées, mais ils constituent aussi la base d’un travail d’archivage des séminaires du philosophe entre 1979 et 1987. Cet archivage est aujourd’hui disponible sur le site Gallica de la Bibliothèque Nationale de France et plusieurs extraits de ces cours ont pu être restaurés par France Culture.
C’est ainsi que l’on peut découvrir qu’en 1980, Deleuze consacre une grande partie de l’année à interroger les origines et la transformation de l’appareil d’État, de ses formations les plus archaïques jusqu’à son intégration dans le système capitaliste. Dans son cours du 18 mars 1980, Deleuze veut montrer, à travers un exemple emprunté au sociologue français Robert Linhart (auteur du livre “Le sucre et la faim”) à quel point le capitalisme nous entraîne dans un processus irréversible qui, dit-il, “évidemment fait notre malheur”. En somme, pour Gilles Deleuze, Linhart nous dit que le problème de la faim dans le monde n’est pas une limite extérieure mais une faim produite : la faim n’est pas rencontrée comme le résultat d’une pénurie mais est produite comme le fruit d’une organisation. Le système produit la faim. Dans le processus même de son développement, le capital produit de la faim.
Le capitalisme court-il à sa perte ?
Pour écouter le cours du 18 mars 1980 en intégralité non restauré, retrouvez-le en ligne sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France :