Le rôle des chromosomes est davantage exploré ces dernières années car les techniques et outils modernes permettent d’étudier ces structures très complexes du corps humain. Pour rappel, les chromosomes sont les porteurs de notre information génétique.
**>>Pourquoi les femmes vivent-elles plus longtemps que les hommes ?
**Les hommes possèdent un chromosome X et un chromosome Y, les femmes, deux chromosomes X. Ces deux X chez les femmes peuvent constituer un avantage pour certaines maladies, si l’un “tombe en panne”, l’autre peut prendre le relais. Mais inversement, le double chromosome X peut aussi provoquer de sacrés dégâts.
Revenons à la base. Chez les femmes, lors de la formation de l’embryon, l’un de ces deux chromosomes est “inactivé” : le corps humain met l’un des deux en dormance, de façon aléatoire. Cela place en quelque sorte à égalité hommes et femmes, avec un seul X actif. Le travail de recherche de la généticienne Edith Heard, qui a reçu en 2024 la médaille d’or du CNRS, porte sur ce sujet.
Un chromosome se réactive et le système immunitaire se retourne contre le corps
Mais parfois chez les femmes, le deuxième chromosome, celui qui était inactif, est mal endormi et s’active, ou plus précisément, certains de ses gènes s’activent. Or, le chromosome X est celui qui comporte de nombreux gènes de l’immunité (le système de défense naturel du corps). Avec deux chromosomes X actifs à la fois, le système immunitaire devient hyperactif, il surprotège, si bien qu’il en vient même à se retourner contre le corps et déclencher des maladies auto-immunes. Il existe plus de 80 maladies auto-immunes, rarement mortelles mais très souvent invalidantes. Les plus connues sont le lupus, la sclérose en plaques et la polyarthrite rhumatoïde. Résultat : sur 10 malades, en moyenne 8 sont des femmes.
Sur les maladies dont souffrent majoritairement les femmes, les scientifiques ont jusqu’à présent longtemps soupçonné les hormones d’en être à l’origine, c’est-à-dire les œstrogènes et la progestérone. Or au-delà des maladies auto-immunes, ils découvrent peu à peu que le deuxième chromosome X est aussi un très bon suspect. De là à en faire un coupable, il va falloir le prouver. Prouver, par exemple, qu’il joue un rôle possiblement dans certains cancers, certaines maladies métaboliques, neurodégénératives et cardiovasculaires. Ce sont des hypothèses et sujets de travail à venir passionnants pour les spécialistes de la génétique et de l’épigénétique, car il reste énormément à découvrir dans ce domaine.
