“Il y a une pression d’une minorité masculiniste qui l’a emporté“, déplore jeudi 14 août sur franceinfo Aliénor Laurent, porte-parole nationale d’Osez le féminisme, après l’annulation de la diffusion en plein air du film Barbie, prévue le 15 août dans un quartier de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis).
Aliénor Laurent rappelle que Barbie est un film “plutôt grand public, avec une bonne ambiance, familiale“, et qu’il traite “de ce sujet d’actualité, du féminisme“. Elle déplore qu’il soit annulé “alors que ce sont les habitants même du quartier qui avaient choisi de le mettre à l’affiche pendant l’été“. Elle estime que la diffusion de ce film aurait été “un grand moment de compréhension de ce qu’est le féminisme aujourd’hui“.
“Où sont ces jeunes quand il s’agit de défendre les femmes contre les féminicides ?”
Le maire dit avoir pris la décision de déprogrammer le long-métrage “sous la pression d’un petit groupe du quartier“, décrivant à l’AFP qu’une “dizaine d’individus ont encerclé les agents” en leur disant : “Si vous installez, on démonte tout et on met un terme à votre séance“. Olivier Sarrabeyrouse, élu PCF, relate que, selon ces personnes, “le film fait l’apologie de l’homosexualité et porte atteinte à l’intégrité de la femme“.
D’après Aliénor Laurent, cela “montre que le masculinisme a de beaux jours devant lui en France“. La porte-parole nationale d’Osez le féminisme met en lumière l’un des arguments avancés par le groupe de jeunes, à savoir “défendre l’intégrité des femmes“. “Où sont ces jeunes quand il s’agit de défendre les femmes contre les féminicides ? Sont-ils dans les marches du 8 mars ou du 25 novembre ?“, interroge-t-elle.
Une plainte a été déposée
“On constate, poursuit Aliénor Laurent, qu’avec le mouvement masculiniste, on a constamment des hommes réactionnaires qui s’approprient la défense des femmes quand ça les arrange pour les silencier et servir leurs intérêts misogynes“. La porte-parole d’Osez le féminisme trouve par ailleurs “assez ironique de constater que ce sont toujours les mouvements réactionnaires qui vont parler de ‘wokisme’, de ‘cancel culture’, alors que ce sont les premiers à vouloir faire interdire un film comme celui-ci“.
Aliénor Laurent affirme que “c’est important de porter plainte” puisque, affirme-t-elle, “c’est une atteinte à la liberté“. La ministre de la Culture, Rachida Dati, a déclaré qu’une plainte était en cours. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a annoncé saisir la justice et le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau dénoncé “ces pressions d’une minorité violente qui veut ‘hallaliser’ l’espace public“. Sur ce dernier point, la porte-parole d’Osez le féminisme rappelle que “toutes les religions sont patriarcales” et estime que “peu importe l’origine des personnes qui ont proféré ces menaces : ça sert surtout les intérêts misogynes“. Aliénor Laurent estime enfin, que ces pressions vont à l’encontre de “la vision d’une femme qui s’émancipe“, ce que montre le film Barbie.
Édité par Diane Warin.