“Il y a une montée énorme de l’antisémitisme depuis ces deux dernières années, que ce soit en France ou en Europe, et c’est très inquiétant”, affirme Joshua Zarka, ambassadeur d’Israël en France, mercredi 20 août sur franceinfo. Ce mardi, Benyamin Nétanyahou a envoyé une lettre accusant Emmanuel Macron de nourrir la haine contre les juifs avec son intention de reconnaître l’Etat palestinien. Interrogé sur ce courrier, Joshua Zarka répond qu’il “ne va pas rentrer dans les échanges directs entre dirigeants, ils le font très bien tout seuls”.
“J’ai grandi ici, en France”, confie Joshua Zarka. “Quand j’étais petit, l’antisémitisme n’était pas ce qu’il est aujourd’hui. Aujourd’hui, les enfants dans les écoles ont peur de dire qu’ils sont juifs. Les juifs craignent de se promener avec la kippa sur la tête parce qu’ils craignent d’être agressés… et ils sont agressés, malheureusement”, regrette-t-il.
“Je ne dis pas que la République ne fait rien. La République fait énormément”, reconnait Joshua Zarka, qui n’a “que des bonnes choses à dire sur ce que fait le ministère de l’Intérieur”, mais “il y a tellement d’actes d’antisémitisme qu’aujourd’hui ça déborde”. Cependant, selon lui, “il y a certains acteurs politiques, en France, qui attisent cette haine des juifs et qui, de la façon la plus cynique, instrumentalisent le conflit israélo-palestinien à des fins politiques. Et là, c’est vraiment très grave”.
“Reconnaître l’Etat palestinien est une erreur stratégique”
Selon l’ambassadeur d’Israël en France, “la crise a été créée lorsque la décision a été prise de reconnaître l’État palestinien sans que ce soit coordonné avec Israël, estime Joshua Zarka. C’est une erreur stratégique”. La France a annoncé qu’elle reconnaîtrait en septembre prochain l’Etat de Palestine, à l’occasion de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Si Emmanuel Macron “voulait vraiment aider à une solution politique entre Israël et les Palestiniens, poursuit-il, ce ne serait pas en faisant pression sur Israël, mais plutôt en faisant pression sur le Hamas et sur l’Autorité palestinienne pour qu’ils acceptent le concept même de paix. Ce qui n’est pas encore le cas, malheureusement”.
Selon Joshua Zarka, la question de la solution à deux États “n’est pas une question qu’il faut présenter à Israël”, car “Israël a proposé la création d’un État palestinien à quatre différentes occasions”, selon lui. Or, “cette solution a été rejetée par l’Autorité palestinienne à quatre différentes occasions”.
“Si demain le Hamas libère nos otages, il n’y aura pas besoin de cette guerre”
“Nous nous préparons bel et bien à lancer la conquête de Gaza“, affirme Joshua Zarka. Dans la matinée, le ministre de la Défense israélien a approuvé le plan pour la prise de la ville de Gaza par l’armée israélienne et ordonné le rappel de 60 000 réservistes pour prendre part à cette opération militaire. Cependant, “si demain un accord de cessez-le-feu était adopté, comme nous avons accepté les trois différentes propositions qui ont été faites par le passé, il n’y aura pas besoin de cette guerre“, explique l’ambassadeur. Selon lui, “il y a de bonnes chances que ce soit le cas, justement grâce à la pression militaire qui est faite par les préparations israéliennes“. Pour l’heure, le Hamas a accepté lundi la proposition des médiateurs (Egypte, Qatar et Etats-Unis) qui prévoit une trêve de 60 jours et la libération des otages en deux étapes. Israël doit encore faire connaître sa position.
“Ce que je peux vous dire, d’une façon catégorique, c’est que si demain le Hamas libère nos otages, il n’y aura pas besoin ni de cette guerre, ni de cette opération. Ce serait terminé“, affirme-t-il. “Si nous avions la possibilité de choisir, nous préférons de façon très claire, la libération de nos otages immédiatement, pour que tout cela soit fini de façon permanente, que le Hamas sorte de Gaza, et qu’enfin, les Palestiniens et les Israéliens soient libérés de ce fléau. Mais si le Hamas n’accepte pas la fin de cette guerre, nous la continuerons et nous la gagnerons“, avertit le diplomate.
Édité par Diane Warin.
