Tuesday, June 24, 2025
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Atahualpa Yupanqui, legendary storyteller of Argentina lands


Poète, chanteur et guitariste argentin, Atahualpa Yupanqui, né Héctor Roberto Chavero Aramburu en 1908 et disparu en 1992, fut l’un des géants des lettres et de la musique sud-américaines du 20e siècle. Une voix d’abord, rauque, fragile, dont les aspérités racontaient et portaient l’histoire dramatique des peuples autochtones, des oubliés et des miséreux de l’Amérique latine. Un musicien aussi, celui des rythmes et des airs des musiques populaires et traditionnelles de l’Argentine, de la milonga de la pampa à la chacarera des régions du nord.

En 1985, dans l’émission “La matinée des autres”, Atahualpa Yupanqui conte son pays, en s’attaquant à un triple mystère inspiré par son ami Ricardo Rojas : il y aurait en Argentine un mystère de la pampa, un mystère de la forêt, un mystère de la montagne, des Andes. Trois composantes d’une même réalité reliée, maintenue vivante par les traditions orales, les musiques et les danses. Cette archive donne également la parole à l’anthropologue Jesús García-Ruiz, sommité des études américanistes, et à Paul Verdevoye, traducteur et spécialiste de l’Amérique du Sud.

“L’homme de la pampa ne craint pas grand-chose…”

Plus que le Métis ou l’Indien des régions du nord argentin, “l’homme des plaines humides est plus rapide, plus agile, plus sûr de lui, plus tranquille. Comme il n’a rien qui puisse faire obstacle au galop de son cheval, il peut lancer son lasso au loin, de toute la longueur de sa corde. Il galope tranquillement et tout cela lui donne de l’assurance“. Il chante, exprime ses sentiments, parle d’amour, de chevaux, de troupeaux à travers sa chanson, la milonga.

Dans les montagnes, l’homme exprime tout en un chant condensé : la copla. “L’homme de la montagne ne pouvait pas lancer son lasso au loin comme l’homme de la pampa qui ne connaissait pas d’obstacle”. Un montagnard est esclave de la nature. “Mais si l’homme commence à comprendre les lois de la nature, c’est qu’il détermine le fonctionnement de cette vie matérielle, de la pierre, du vent, de l’eau, des événements. S’il peut maîtriser ces choses jusqu’alors inconnues, alors il commence à dominer une partie de cette nature. C’est alors seulement que la nature peut se mettre au service de l’homme.”

La “Pachamama”, divinité mystérieuse de la Nature

Symbolisant l’abondance des ressources et la fertilité des terres, la “Pachamama” (“Terre-Mère”), déesse de la grande mythologie andine, est pour les montagnards source de mystères. Dans la musique, sur le charango, instrument à cordes pincées des peuples autochtones des Andes, Félix Caballero révèle : “Je ne suis pas habile de mes doigts mais c’est la “Pachamama” qui prend soin de mes charangos et qui en joue. Telles étaient la foi et la force que cette divinité andine insufflait dans l’âme de l’Indien.”

Le Nord-Ouest de l’Argentine puise ses origines dans les civilisations préhispaniques et la tradition inca. Une angoisse profonde de l’individu va être l’origine des rapports avec la divinité de la terre, car c’est elle et grâce à elle que l’existence va être possible“. Les rapports profonds de l’Indien avec la “Terre-Mère” constituent l’une des composantes fondamentales du folklore. Cette difficulté d’exister avec la nécessité d’affronter en permanence la nature, contribue à l’élaboration d’une partie importante de la création folklorique.

Le payador : le troubadour des plaines

Dans les campagnes, le payador, pourvu de ses vers, de ses mélodies et de sa guitare, chante, raconte les nouvelles. Parmi eux, le plus ancien et légendaire : Santos Vega, qui se croyait invincible jusqu’au jour où il se vit défier par un étrange inconnu dans un duel poétique interminable. Vaincu, Santos Vega mourut de désespoir. D’après la légende, ce mystérieux improvisateur était le diable…

La forêt et ses mystères

Dans le Nord-Est du territoire argentin, la forêt était habitée depuis toujours par les Indiens Guaranis. Une population de chasseurs-cueilleurs qui occupa l’ensemble de l’Amérique du Sud, du Nord du Brésil jusqu’au Nord de l’Argentine. Une région évangélisée par les Jésuites qui contribuèrent à développer une certaine tradition espagnole musicale et poétique. “Une crainte va s’exprimer à l’égard de la forêt. Un folklore va chanter les goûts de l’existence dans cette nature. Si la forêt a ses mystères, elle donne aussi à l’homme la possibilité d’exister avec une certaine souplesse.”

“Du haut des cimes, les Indiens nous observent. Une longue route d’indianités sacrées dans la vaste plaine, la forêt, sur la pierre haute et sous l’éternité des constellations. L’Amérique est la longue route des Indiens et de toutes parts ils nous regardent.”

  • Production : Gregorio Manzur
  • Réalisation : Nicole Dalmar et Mireille Krauss
  • Avec Atahualpa Yupanqui (poète, guitariste et chanteur), Jesús García-Ruiz (anthropologue, directeur de recherche au CNRS) et Paul Verdevoye (traducteur, chercheur en civilisation et littérature de l’Amérique du Sud, professeur émérite à l’Université de la Sorbonne)
  • Avec lectures de Catherine Laborde et Jacqueline Taouss
  • La matinée des autres – Atahualpa Yupanqui, voix vivante d’Amerindia (1ère diffusion : 11/06/1985 France Culture)
  • Édition web : Amélie Potier, Documentation de Radio France
  • Archive Ina-Radio France



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Autumn is a lifestyle journalist who shares tips on crafting, DIY projects, and fun ways to bring creativity into everyday life.
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