Le festival “Les Rencontres d’Arles“, présenté du 7 juillet jusqu’au 5 octobre, a été fondé en 1970 et permet chaque été de transmettre le patrimoine photographique mondial. Camille Lévêque, photographe et éditrice, y présente son dernier projet “A la recherche du père”, qui interroge le rôle des pères dans la société.
Créer avec l’absence
Camille Lévêque revient sur l’histoire de son père absent, qui a influencé l’écriture de son livre : “J’ai connu mon père à l’âge adulte. Mes parents se sont séparés quand j’étais très jeune, peu après ma naissance. J’ai redécouvert mon père à l’adolescence. C’est moi qui suis allée vers lui, quelques années avant son décès. C’est un peu quelque chose d’ambivalent, entre une espèce de création d’intimité de ma part avec lui, de beaucoup d’absences, de beaucoup de questions, de ressentiments, de manques, qui sont évidemment les éléments qui ont généré cette recherche.”
Questionner les rôles parentaux
Elle explique comment son regard sur la paternité a été bousculé par ses rencontres avec les pères de ses amies : “C’est une figure que je connaissais mal et qui me hérissait un petit peu le poil. Soit les pères étaient trop tendres et ça me gênait, soit je les trouvais trop autoritaires, je trouvais ça insupportable que ces hommes se permettent de se comporter de cette manière avec leurs enfants.” En revanche, son regard sur les mères a légèrement évolué : “Ce travail, ça ne m’a pas tellement permis de changer mon regard sur les pères ou de trouver des réponses, mais plutôt sur les mères. Notamment de changer mon regard sur ma propre mère aussi et d’être beaucoup plus indulgente et empathique. Les pères, c’est quand même souvent les absents, 12% des pères ont la garde de leurs enfants. C’est beaucoup plus convenu socialement que ce soit le père qui parte et pas la mère. La mère reste, c’est la mère qui élève les enfants, c’est la mère qui est aux premières lignes des problèmes avec les enfants, du ressentiment, de la colère.”
