“Personne n’a jamais vu ça”, affirme, lundi 11 août, sur France Inter, Karin Huster, infirmière et responsable des activités médicales à Gaza pour Médecins sans frontières. Elle s’est déjà rendue à trois reprises dans l’enclave palestinienne depuis le début de la guerre et prévoit d’y retourner en septembre. “Tous mes collègues qui ont des expériences humanitaires n’ont jamais vu ça”, insiste Karin Huster. Selon l’ONU, plus de deux millions de Palestiniens assiégés sont menacés d’une “famine généralisée”, malgré les largages de nourriture organisés par différents pays ces dernières semaines. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’une centaine de personnes sont mortes de malnutrition depuis le début de l’année – un chiffre très probablement sous-estimé.
“On parle de famine aujourd’hui à Gaza mais nos collègues médicaux là-bas ne savaient pas gérer la malnutrition”, raconte-t-elle. “On a été obligés de les former pour gérer des enfants victimes de malnutrition modérée ou sévère”, ajoute l’infirmière, précisant qu’“il y avait assez de nourriture à Gaza, ça n’a jamais été un problème”. Les Gazaouis souffrent d’un blocus alimentaire, mais sont aussi confrontés à des déplacements répétés qui les affaiblissent.
Alors que le plan israélien pour Gaza présenté par le Premier ministre Benyamin Nétanyahou est très critiqué par une bonne partie de l’opinion internationale et notamment par l’ONU, la responsable des activités médicales dans l’enclave pour Médecins sans frontières dénonce l’attitude de l’Etat israélien. “On va avoir une population d’enfants avec des amputations, des choses qui ne devraient pas exister”, s’émeut-elle. “Ce sont des choses qu’on pourrait arrêter si nos gouvernements avaient le courage d’empêcher le gouvernement israélien de continuer ce génocide”, lance Karin Huster.