Via ces émissions, celui qui a été publicitaire et directeur de magazine (“L’Écho des Savanes” en 1984, “Entrevue” en 1992) s’installe à la fin des années 80 comme le pape cathodique des talk-shows trash du samedi soir. Son style de night-clubber, libertin et provocateur fait un malheur : peoples et politiques se bousculent pour bénéficier de cette exposition, quitte à devoir subir ses questions sans filtre : “Si tu étais un nazi, tu serais quoi comme nazi ?”, “T’en as chié pour y arriver ?”, “T’as beaucoup de blé ?”, ou le fameux “Est-ce que sucer c’est tromper ?”, adressé à l’ancien Premier ministre Michel Rocard.
D’autres, comme Christine Angot en 1999, quittent le plateau, qu’il partage de plus en plus avec Laurent Baffie, son “sniper” personnel, amateur de phrases assassines. Thierry Ardisson multiplie aussi les invitations “provoc”, recevant avec les honneurs des personnalités a minima controversées comme Dieudonné, Alain Soral, Renaud Camus (inventeur de la théorie du grand remplacement), Gabriel Matzneff (avec qui il évoque ouvertement le fait d’aller le “coucher avec une gamine de 12 ans et demi”) ou Thierry Meyssan (théoricien du complot sur le 11-Septembre).
“J’étais ni con ni macho, j’étais Thierry Ardisson”
Une outrance qu’il cultive aussi sur Paris Première, puis sur Canal+ avec “Salut les Terriens”, et qu’il assumait encore en mai dernier au micro de France Inter, réagissant à un mea culpa de son complice Laurent Baffie, qui disait regretter certaines séquences de l’émission. “Être outré OK, mais de là à battre ma coulpe en me disant : ‘C’est terrible ce que j’ai fait, j’étais con et macho’, non. Moi j’étais ni con ni macho, j’étais Thierry Ardisson.”
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Dans ses “Confessions d’un baby-boomer”, publié en 2005, il se raconte ancien accro à l’héroïne, royaliste, profondément catholique… Son dernier concept, en 2021, “Hôtel du Temps” sur France 3, où il interviewait des versions générées artificiellement de stars disparues, ne trouve pas son public, et disparait après trois numéros.
Mais en publicitaire averti, Thierry Ardisson avait préparé sa sortie, avec une autofiction, “L’Homme en Noir”, parue il y a deux mois. Il y imaginait sa mort comme “un trip sous acide”. La provoc, une dernière fois.