The Tour de France women is in Vienne Tuesday 29 and Wednesday 30 July. In parallel with the development of female professional cycling, the amateur level struggles to attract recruits. In the Naintré club, they are only eight women for 108 men.
Quand elle sort pédaler avec son magnifique vélo bleu nuit et rouge racheté à l’équipe poitevine de la FDJ-Suez, Catherine Boildieu est souvent la seule femme au milieu d’une trentaine d’hommes. Elle est toujours à l’avant : “J’ai toujours été prise pour un ovni. On dit : ‘Ah bon, tu fais tout ça ? Mais comment tu fais’. Pourquoi on me dit ça à moi plus qu’à un homme ? Parce qu’il y a encore tellement peu de femmes qui font du vélo”. Alors que le peloton professionnel du Tour de France femmes passe deux jours dans la Vienne mardi 29 et mercredi 30 juillet, le vélo amateur féminin est encore à la traîne dans le Poitou.
Huit femmes sur 116 cyclistes
À Naintré, près de Châtellerault, le Vélo Club Naintréen ne compte que huit femmes sur 116 licenciés. Catherine fait du vélo au quotidien depuis très longtemps, pour aller à l’école puis au travail ou pour se balader. Mais elle a pris des années à en faire son sport. “C’était un monde d’hommes, réservé aux hommes”, assure-t-elle, en parlant de son adolescence dans les années 80. À cette époque, elle n’a jamais envisagé de rejoindre un club. Elle s’est finalement inscrite à Naintré il y a huit ans. Elle co-préside aujourd’hui l’association.
Le cyclisme amateur “est encore très genré”, selon elle. “C’est très compliqué dans la tête de certaines femmes. Il faut avoir de la puissance, de l’endurance, parfois, il faut aller vite. Des qualités plus attendues chez les hommes que chez les femmes. C’est pour ça que les femmes ont encore tendance à s’auto-censurer”, développe Catherine. Il y a aussi des contraintes matérielles. Catherine, par exemple, a récemment “beaucoup galéré” à trouver un vélo gravel, pour les chemins de gravier, à sa taille. “Je fais 1m57. Même en XS c’est encore trop grand pour moi. Il me faudrait du double XS. Les vélos ont été conçus pour les hommes, ils sont faits avec des grands cadres et des grandes tailles”, décrit-elle.
Pas de compétitions réservées aux femmes au niveau amateur
Catherine s’entraîne au moins quatre fois par semaines. Elle participe parfois à des courses cyclotouristes. Mais elle veut maintenant faire de la compétition sur route. Elle en discute avec son co-président, Yannick Collin : “Il n’y a pas assez de féminines pour faire une course uniquement féminine amateur. Tu vas courir avec les hommes, mais t’auras un classement différent et si tu es toute seule, tu gagnes à tous les coups”, sourit-il. Catherine rigole, elle aussi, mais elle aimerait bien que ça change : “Les sensations extraordinaires que je peux avoir sur le vélo, le plaisir que j’ai à rouler, j’aurais envie que ça soit partagé par plus de femmes”.
Catherine compte sur le passage du Tour de France féminin dans le Poitou. “Je prends beaucoup plus plaisir à regarder le Tour de France femme que le Tour de France hommes parce que je crois que je peux m’identifier. Je me dis qu’elles sont capables de faire ça, donc moi aussi, je peux au moins tenter de le faire”, détaille-t-elle. Elle a pris sa place pour la fan zone au départ de Chasseneuil-du-Poitou mercredi 30 juillet. Elle va essayer d’y trouver des recrues parmi les spectatrices.
