Le 8 avril 2021, la vie d’Olivier Dubois, journaliste correspondant en Afrique, bascule : il est enlevé dans le nord du Mali par un groupe de moudjahidines, identifié plus précisément comme un groupe terroriste affilié à Al-Qaïda. Cet événement fait de lui un otage dans l’une des régions les plus sensibles du monde.
L’enlèvement fait suite à des mois de contact avec un haut responsable d’un groupe affilié à Al-Qaïda, afin d’obtenir une interview. Malgré des signaux faibles qu’il a choisi d’ignorer, Olivier Dubois monte dans une voiture avec des inconnus, s’attendant à un déplacement ne dépassant pas deux heures. Cependant, le temps s’écoule, et la voiture s’enfonce inexorablement dans le désert. C’est lorsque le véhicule s’arrête, qu’on lui demande de retirer ses vêtements pour lui en donner d’autres, et qu’il est contraint d’entrer dans un second véhicule, que la terrible vérité s’impose à lui : “C’est le moment où je rentre dans ce deuxième véhicule que je comprends ce qui se passe. Le chauffeur rentre. Je suis encadré par deux personnes dans le véhicule avant qu’on m’annonce que je suis otage“. Sa première interrogation fut de savoir quel groupe le détenait, car deux factions djihadistes majeures étaient actives à cette époque : le GNIM (affilié à Al-Qaïda) et l’État islamique (Daesh).
Il raconte combien ses conditions de détention étaient d’une extrême rigueur : “Mes conditions de détention, c’est le désert. On est en pleine nature et en 711 jours de captivité, je n’ai jamais dormi à l’intérieur. C’est dans le sable, dans des sortes de poches végétales luxuriantes en plein désert, et dans l’anfractuosité des rochers“. D’autant que durant toute sa captivité, il fut régulièrement déplacé pour ne pas être repéré.
711 jours de résilience et de survie
Pour ne pas sombrer dans cette prison de sable à ciel ouvert, le journaliste a puisé au plus profond de lui la force de tenir. Il a ainsi élaboré un système de résistance mentale et cultivé un état d’esprit de résilience, qu’il décrit comme un “réveil existentiel lié à la survie“. Dans son livre intense, Prisonnier du désert, publié aux éditions Michel Lafont, Olivier Dubois partage ses “recettes personnelles pour supporter la captivité” : “s’astreindre à conserver une activité physique et intellectuelle pour ne pas sombrer ; organiser ses journées et rester actif, en maintenant des habitudes ; tenter d’établir un dialogue avec ses geôliers ; consigner par écrit tout ce qu’il observe ; élaborer des plans d’évasion ; contribuer quotidiennement à son confort et son bien-être ; refuser l’esprit de soumission, en conservant son intégrité, ses opinions et sa façon de penser ; s’immerger dans sa vie passée et imaginer le futur ; penser en journaliste et avoir la volonté d’en apprendre plus sur l’organisation de l’intérieur ; fraterniser avec un codétenu et se raconter ; se raccrocher à la beauté d’un coucher de soleil sur le désert“.
Le sport s’est avéré être l’un des piliers fondamentaux de sa résistance. Alors que ses ravisseurs étaient très sédentaires sur le camp, Olivier Dubois a continué à pratiquer un sport d’art martial, le baguazhang. Il s’est tenu scrupuleusement à cette ligne de conduite, qu’il décrit comme “bouclier contre la peur, contre l’angoisse, qui empêche de flancher, de basculer, de tomber“. Malgré l’incertitude omniprésente, la peur constante et les humiliations subies, Olivier Dubois a fait le choix de rester debout et vivant. Il a conservé un lien profond avec celui qu’il était avant que sa vie ne bascule en pensant sans cesse à ceux qui l’aiment.
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Pour aller plus loin
Olivier Dubois raconte sa captivité dans son livre intense « Prisonnier du désert » aux éditions Michel Lafon. Il nous raconte ses jours et ses nuits passés dans sa prison de sable et comment il a survécu à la seule force de son mental.
