Imaginez un couple homme-femme qui vit dans une même maison. Ils respirent, a priori, le même air et mangent la même nourriture. Pourtant, notre environnement est “genré”. L’exposition à l’environnement est différente.Pour s’en convaincre, il suffit de se pencher sur l’utilisation de différents produits, comme les cosmétiques, que les femmes utilisent davantage. Une femme qui met tous les jours du rouge à lèvres expose ainsi sa bouche à des produits chimiques et en ingère, au fil de la journée, une toute petite quantité, mais au quotidien. Elle avale ainsi du dioxyde de titane, interdit en tant qu’additif alimentaire, mais pas dans les cosmétiques. Des huiles et des silicones figurent aussi dans la composition. Ce n’est qu’un exemple, il faut imaginer la même chose avec les autres articles de maquillage et ceux pour les cheveux tels les démêlants, les masques et les teintures.
Les produits ménagers sont aussi, à la maison, essentiellement utilisés par les femmes. S’il faut reconnaître que de nombreux hommes se chargent aussi du ménage, en majorité, les femmes restent les plus exposées à ces substances.
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**Des cancers du poumon chez les femmes asiatiques
En Chine et en Inde, de nombreuses femmes déclarent un cancer du poumon chaque année. Pourtant, 80 à 90% d’entre elles n’ont jamais fumé. Elles sont, néanmoins, exposées tous les jours aux vapeurs toxiques des huiles de cuisson, des huiles brûlées dans les poêles (dans des woks). Quant aux hommes, ils sont davantage en contact avec des produits toxiques au travail, explique Santé publique France. Hommes et femmes ne sont pas exposés de la même façon aux produits chimiques, et donc aux substances cancérogènes ou perturbateurs endocriniens.
L’exposome, l’ensemble des expositions environnementales au cours de la vie, est-il à l’origine de cancers et de maladies auto-immunes ? Est-ce que les corps des femmes et des hommes réagissent différemment face à ces produits chimiques ? Les chercheurs disent manquer de données pour répondre à ces questions, le sujet reste sous-exploré. Ils soupçonnent que les niveaux plus élevés d’œstrogènes chez les femmes entraînent une sensibilité plus forte à certains perturbateurs endocriniens et pesticides. Les scientifiques pensent également que l’exposition aux produits chimiques pourrait être en partie à l’origine de certains cancers en augmentation chez les jeunes femmes et de maladies auto-immunes, qui touchent en grande majorité des femmes.
Le facteur génétique joue probablement un rôle important.“Notre réaction à l’environnement dépend aussi certainement de notre génétique”, explique le professeur Jean Sibilia, qui travaille sur l’immunité à Strasbourg. “Inversement, notre environnement modifie l’expression de notre génétique. En fait, nos cellules interagissent en permanence avec cet environnement”, dit-il.
Pour mieux comprendre à l’avenir les différences entre les genres, de nombreux chercheurs plaident pour que, désormais, dans les études épidémiologiques et les études toxicologiques, lorsqu’on étudie l’exposome, les résultats des hommes et ceux des femmes soient isolés et analysés séparément.