Before the arrival of the Tour de France on July 22 at the top of Mont Ventoux, here Vaucluse returns to the significant episodes which the big loop of this ascent. Back on the Carpentras-Mont Ventoux stage on July 13, 2000 and the victory of Italian Marco Pantani, at the twilight of his career.
Marco Pantani. Un nom qui n’est pas inconnu pour les fans de cyclisme. Le coureur italien, excellent grimpeur, fait forte impression dans le peloton dans les années 90. Le pirate, comme on l’appelle dans le milieu, fait notamment le doublé en 1998, en remportant le Tour d’Italie et le Tour de France. Une ascension qui s’arrête de façon brutale, après avoir été contrôlé positif lors du Tour d’Italie, l’année suivante, alors qu’il était le favori pour la victoire.
Depuis, Pantani se fait discret : il n’occupe plus les premières places des classements. Écrasé dans les Pyrénées par l’Américain Lance Armstrong, le coureur italien espère de meilleures sensations sur cette 12e étape de 149 km entre Carpentras et le Mont Ventoux. Une étape 100% vauclusienne.
Un temps lâché…
Pourtant en arrivant à Bedoin, le scénario des Pyrénées semble se reproduire : l’US Postal, équipe du maillot jaune Lance Armstrong, impose un train d’enfer dès le pied de l’ascension. Un petit groupe parvient à suivre : parmi les coureurs, Richard Virenque, Lance Armstrong, l’allemand Jan Ullrich… et Marco Pantani, dans les dernières places du peloton, en difficulté.
Dans la première partie de l’ascension, le coureur italien n’arrive pas à suivre le rythme. Il va faire le yoyo : quand le maillot jaune accélère, il perd du terrain et quand le rythme est plus calme il revient. Une montée “au train” comme le souligne Bernard Thévenet et le vauclusien Patrick Chêne, aux commentaires de l’étape de ce 13 juillet.
… Pantani revit
À l’arrivée du petit peloton au chalet Reynard, à six kilomètres du sommet, tout bascule. Marco Pantani attaque, les mains dans les creux du guidon et en danseuse. Le pirate n’a pas abdiqué. Derrière les favoris ne veulent pas laisser partir le coureur italien. Pantani va s’y reprendre à six reprises pour lâcher le groupe. Un seul coureur parvient à le rattraper : Lance Armstrong. Les deux hommes grimpent ensemble les deux derniers kilomètres. Mais le contraste est saisissant : Marco Pantani souffre pendant que Armstrong, visage fermé, contrôle.
Sur la ligne d’arrivée, Pantani jette son vélo pour s’imposer devant le maillot jaune. Dans un décor lunaire, balayé par le vent, Pantani revient d’entre les morts. Ce succès au Ventoux, c’est une rédemption. Une revanche aussi, sur les mois de doute, de solitude et de soupçons. Et pourtant, elle ne fera que raviver les tensions, notamment avec Lance Armstrong, porteur du maillot jaune ce jour-là.
“Le Ventoux, c’était une erreur”
La montée du Mont Ventoux est restée dans les mémoires, autant pour l’exploit que pour la polémique. Pantani s’impose devant Armstrong, qui semblait pourtant en mesure de gagner l’étape. L’Américain déclare, après l’arrivée et les jours suivants, avoir “offert” la victoire à l’Italien. “Ce n’est pas important de remporter toutes les étapes. Ce qui compte c’est le général. Le Ventoux, c’était une erreur”. Une phrase qui blesse profondément Pantani, fier et combatif, qui refuse d’être réduit à un figurant de luxe.
Loin d’un cadeau, l’attaque de Pantani dans les derniers hectomètres était bien réelle. Elle traduisait sa volonté de prouver qu’il avait encore sa place parmi les meilleurs, malgré les scandales, malgré les doutes. Ce malentendu entre les deux hommes cristallisera leur rivalité et contribuera à l’isolement croissant du grimpeur italien au sein du peloton. Comme pour se venger, Pantani remportera trois jours plus tard, à Courchevel, la 15e étape. En solitaire. Cette victoire sera la dernière de Marco Pantani sur le Tour de France. Affaibli physiquement et miné moralement, il abandonne la Grande Boucle avant le départ de la 16e étape. Loin de marquer le début d’une renaissance, le Ventoux fût en réalité son chant du cygne. Le symbole d’un coureur qui, le temps d’une ascension, a retrouvé ses ailes, avant de retomber dans ses tourments.
Moins de quatre ans plus tard, le 14 février 2004, Marco Pantani est retrouvé mort dans une chambre d’hôtel à Rimini, à seulement 34 ans. Officiellement d’une overdose de cocaïne, officieusement d’un mal bien plus profond : l’oubli, la honte, et la chute d’un mythe.
loading