For centuries, horse shrimp fishing was practiced from northern France to Holland. Oostduinkerke remains the only place in the world where this tradition is still alive, classified since 2013 as an intangible cultural heritage of UNESCO. Meeting with players in the sector.
Un cheval au pas lourd avance à marée basse, avec son cavalier sur le dos, entre Coxyde et Nieuport, sur la côte flamande belge, près d’Oostduinkerke. Ils tirent un long filet pour une poignée de crevettes délogées par les sabots de l’animal. Cette pêche de plage était pratiquée durant des siècles du nord de la France à la Hollande par ceux qui possédaient un cheval.
Une tradition qui se transmet de génération en génération
Simples paysans de la côte aux terres sableuses ou marins venus chercher un complément d’argent. Ils étaient des centaines et les crevettes foisonnaient. Aujourd’hui, ils ne sont plus qu’une quinzaine à perpétuer cette tradition comme Dominique Vanderdriessch : “Il faut l’apprendre quand on est enfant, et là, ça va tout seul. Il faut épargner le cheval dans le travail. Et là, parce que demain, il doit de nouveau travailler, décrit ce pêcheur de crevettes à cheval. C’est comme pour toi, il ne faut pas exagérer, mais il faut travailler tout doucement. Les traditions, c’est important que ça dure. Nous, on combine avec le tourisme, avec des groupes.”
REPORTAGE LITHDFSpéciale Ostende de la mer à l’assiette
Classé au patrimoine immatériel de l’Unesco
Devenu attraction touristique, ce savoir-faire se transmet toujours de génération en génération. Corinne tient depuis 20 ans cet estaminet très réputé. Elle y décline la crevette sous toutes ses formes. Elle avait 15 ans quand elle a commencé à pêcher.
“Mon grand-père, il a pêché jusqu’à 80 ans. Mon père, il vient d’arrêter. Et mon mari, il pêche depuis 2000, résume la restauratrice. Elle-même a appris ce type de pêche avec son grand-père. “Pour moi, tout part du cheval. L’amitié, l’amour pour un cheval, c’est le commencement de tout, en fait. Il n’y a plus rien sauf le cheval et d’autre part, le silence. Et vous êtes à la mer et c’est très gai.”
Cet héritage a été classé patrimoine culturel immatériel par l’UNESCO en 2013. Oostduinkerke est le seul endroit au monde où l’on pratique encore cette pêche aux crevettes.
La pêche, une institution
Depuis toujours, la mer du Nord offre à la Belgique sa richesse poissonneuse. Si la crevette reste le plat le plus populaire, le cabillot et la sole sont sur toutes les tables. La pêche, c’est une institution.
Comme posé sur le macadam, juste en face de la gare, un bateau musée rappelle l’épopée de la pêche à l’Islande. L’Amandine est le dernier chalutier de Belgique à avoir navigué dans ses terribles eaux froides jusqu’en 1995. Laurens Maertens, parti en mer à 15 ans, a été marin sur ce bateau. Il raconte aux visiteurs cette histoire.
“C’étaient à chaque fois des voyages de dix-huit jours. Quatre jours de voyage vers l’Islande, dix jours de pêche, et puis quatre jours pour le retour, trois jours à la maison, et puis on repartait pour dix-huit jours, année après année, après année”, se souvient-il tout en évoquant les conditions parfois difficiles.
“En été, il y avait une chaleur atroce à l’intérieur et en hiver, il faisait moins 10 degrés. On avait rien, pas de gilet de sauvetage, uniquement notre tenue de pluie. Si on passait par-dessus bord et qu’on ne pouvait pas nous retrouver tout de suite, il fallait peu de temps avant de disparaître.”
Si les dix-huit jours de pêche pouvaient relever d’une véritable épreuve, Laurens les vivaient comme une aventure : “En Islande, la puissance de la mer, les aurores boréales, chaque jour était une aventure. Tu ne savais jamais ce que tu avais pris dans les filets. Travailler dur, ne pas dormir beaucoup. Mais en Islande, sur la mer, même quand il y a des éclairs, c’est fantastique.” Pour Laurens, l’Amandine permet donc de conserver ce passé et de le transmettre.
La renaissance de l’ostréiculture
Longtemps réputée dans le monde pour ses huîtres, la cité balnéaire d’Ostende comptait jusqu’à 25 ostréiculteurs. Victime de maladie, puis détruit par les guerres, le précieux mollusque a disparu des eaux belges. Mais il y a 25 ans, dans un immense bassin d’eau de mer creusé pour le port, une famille décide de relancer la production.
“C’est la nurserie. Donc, ici, on les trie constamment et on les pèse”, indique Benoît, le beau-fils du propriétaire, tout en montrant quelle taille les huîtres atteindront dans un an. Immergés dans l’eau, les touristes découvrent avec lui au plus près la technique d’élevage très particulière. Ici pas de marée, on monte et on descend les paniers d’huîtres à la main.
“Quand la météo prévoit beaucoup de vent, on les met au milieu parce que les paniers vont bouger. Donc, par le mouvement, les huîtres ne s’attachent pas les unes aux autres et tiennent une belle forme. Et la dernière station est en hauteur parce qu’on doit entraîner les huîtres à utiliser leurs muscles de fermeture. Si on n’en entraîne pas les huîtres d’utiliser ce muscle-là, elles vont s’ouvrir et mourir”, explique le professionnel.
Les seules huîtres entièrement belges
Dans une eau très salée en été et rendue plus douce par les pluies en hiver, les huîtres grandissent ici durant quatre ans entre les algues et le plancton. Ici, c’est bien tout le processus d’élevage qui est réalisé, à l’ancienne. Le succès est au rendez-vous pour ces seules huîtres entièrement belges.
Aujourd’hui, la famille produit chaque année 50 tonnes de ce délicat coquillage sur 6 hectares. Le goût de la Belgique à déguster sans modération.
Reportage I. Girardin /V. Boulay /D. Chantreau de France 3 Littoral Hauts-de-France