“La nouvelle ouverture de Poutine rebat un peu les cartes” des négociations sur la guerre en Ukraine, affirme Camille Grand, chercheur au Conseil européen pour les relations internationales, ancien adjoint de l’OTAN, sur France Inter, jeudi, au lendemain de la rencontre entre le président russe et l’émissaire spécial américain Steve Witkoff à Moscou. Donald Trump s’est dit “ouvert” à une possible rencontre “très bientôt” avec Vladimir Poutine.
“Maintenant, Donald Trump est sans doute plus méfiant qu’il ne l’était au début de cet effort de sa part pour régler le conflit, comme il dit, donc on est dans un moment un peu suspendu où on va voir si cette rencontre bilatérale va déboucher sur quelque chose”, explique Camille Grand. Le président américain n’a pas officiellement levé son ultimatum qui expire dans deux jours de menaces de sanctions secondaires. “On est dans la logique tout à fait trumpienne de la carotte et du bâton”, affirme l’ancien adjoint de l’OTAN.
“Du flou de la guerre au flou de la diplomatie”
Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France à Moscou, estime, également sur France Inter, que “la difficulté, c’est que Vladimir Poutine n’a pas fondamentalement changé ses objectifs de guerre”, notamment “supprimer l’identité ukrainienne de diverses manières”. De son côté, “Trump n’a pas du tout le même objectif, il n’a pas d’objectif de guerre, Trump a un objectif politique”, poursuit-il. Le président américain souhaite “obtenir une trêve de 30 jours, mais qui, contrairement à tous les cessez-le-feu que l’on connaît, n’aura pas été négocié par des militaires, par des techniciens, pour savoir qui occupe telle maison, telle rue, tel ou tel village, et qui n’aura pas non plus de troupes neutres pour l’administrer”, ajoute l’ancien diplomate. “Ce cessez-le-feu, [Vladimir Poutine] can break it at any time, he will not be watched and he will obviously say that the shells come on the other side and that it was Ukraine that broke it. “
Pour Annie Daubenton, ancienne correspondante de Radio France à Moscou et Kiev, également invitée de France Inter, “on est passé du flou de la guerre au flou de la diplomatie”. “On marche sur des nuages en faisant croire à deux égocentrés l’un et l’autre, Trump et Poutine qu’ils sont tous les deux, chacun dans leur diapason, proches de la théorie de la victoire”, poursuit-elle. “Ils veulent tous les deux la victoire, mais Poutine veut la victoire sur le terrain et Trump la victoire médiatique, or ça, il la remporte toujours”, affirme la journaliste.